10 janvier : Bourail - Ouenghi (220 km en voiture)

   

   

   

   

   

Ce coin, 'Entre plage et rivière', conseillé par Isabelle, est vraiment parfait : beau, confortable, calme. Hier soir, après un premier bain dans 'ce' Pacifique, et une pizza achetée à une pizzeria sous les cocotiers, nous sommes ressortis la nuit tombée pour nous promener sur la plage, et éventuellement voir des tortues. En effet la plage de la Roche Percée à Bourail est connue et répertoriée comme lieu de ponte : un médecin français en retraite et son épouse d'origine néerlandaise, rencontrés sur la plage, nous en ont abondamment et savamment parlé hier en fin d'après-midi. Malheureusement, pas trace de tortue hormis quelques... traces de montée et redescente sur le sable, repérées grâce à la lune. Et nous avons donc regagné notre 'bungalow' sous le froissement des palmes activées par le vent, un frémissement qui ressemble à celui d'une averse de pluie... comme deux gouttes d'eau. 

Ce matin, ciel tropical humide, hésitant entre blanc sale et gris clair : pas terriblecpour la photo, ça... M'enfin, petit-déjeuner à un snack de Bourail, avant de nous lancer dans notre gros programme de la journée : la boucle Bourail-Houailou-Poro-Kouahoua-Saraméa-Farino-LaFoa-zBoulouparis-Ouenghi, soit 220km de petites routes de montagne nous emmenant d'ouest en est puis d'est en ouest à la rencontre de la Kanakie. Et ce fut, en grande partie, chose faite.

Les Kanaks, débarqués ici de l'Asie du sud-est vers -3500, après avoir 'sauté' d'île en île avec leurs pirogues à balancier, se sont scindés en clans puis tribus du fait du relief très accidenté, générant ainsi près de 30 langues différentes (!), puis ont progressivement occupé la plus grande partie de la grande terre et de ses îles principales (les Loyautés dont Ouvéa à l'est, île des Pins au sud). Jusqu'à l'arrivée des Européens au 19ème, Anglais (pendant 6 ans...) puis Français à partir de 1850, essentiellement soldats et bagnards. Mais la découverte du nickel accélère la colonisation, et donc, fatalement, la concurrence dans l'occupation des terres, rapidement suivie de leur spoliation... Aujourd'hui le Caillou est divisé en, pour simplifier, trois grandes zones : le nord, semi-désertique, surtout le nickel ; la côte ouest, principalement européenne, surtout l'élevage extensif ; et la côte est, abrupte, refuge des kanaks (surtout depuis les affrontements des années 1980) organisés en 'tribus', sorte de territoires collectifs, pratiquant une économie de survie, avec toutefois encore quelques mines de nickel.

On nous avait donc bien 'briefé' : rouler doucement, respecter lieux et symboles, saluer tout le monde, ceux du bord de route comme ceux en voiture, sourire ; et surtout ne pas y aller le week-end car "ils sont en général alcoolisés"... ceci en dépit, depuis quelque temps, de l'arrêt de la vente d'alcool à partir de midi les vendredi-samedi-dimanche. Nous avons respecté les consignes, allant un peu au-delà en échangeant quelques mots avec plusieurs rencontres, et en prenant en stop un gars (Ivan) qui allait chercher du gazole pour sa débroussailleuse... ; nous n'avons rencontré ni agressivité ni animosité, au contraire : impression générale d'un grand calme, même si ce calme semble né, il faut le dire, d'une certaine inactivité. Bien sûr, on est plus proche de l'Afrique que de l'autre côté : petites maisons, souvent sommaires, entourées de végétation plus ou moins domestique, marmots et quelques chiens jaunes. Mais villages organisés, avec mairie, chefferie, école voire collège, arrêts de bus inter-villages,...

Nous avons aussi écarquillé les yeux devant les 'ruines' laissées par les exploitations minières à ciel ouvert : montagnes lacérés de saignées rouge sang, ou carrément éventrées, massacrées serait plutôt le terme, sans aucun ménagement ni scrupule sur d'énormes espaces comme on peut le voir à la 'mine' de Poro aujourd'hui arrêtée...Croisé aussi le 'plus long tapis roulant curviligne du monde', 11 km de la mine au port de Kouaoua à travers montagnes, vallées et cours d'eau : impressionnant.

Mais nous avons adoré la nature de ce versant est de la 'chaîne' centrale (culminant à 1600m), couvert de végétation de type tropical, très comparable à celle de la côte ouest de la Nouvelle Zélande : fougères géantes, bambous idem, grands et beaux arbres, dont flamboyants rouge vif, mais aussi araucarias de nombreux types dont le fameux 'pin colonnaire' très apprécié des Kanaks (il représente la masculinité, et le cocotier la féminité) : chaque petit groupe de pins colonnaires marque l'existence d'une chefferie de tribu.

De retour vers le milieu de l'après-midi, n'ayant rien mangé en dehors de quelques fruits achetés aux nombreux étals self-service du bord de route (les villages de l'est ne sont pas riches en 'infrastructures touristiques'), nous nous payons un goûter au Salon de Thé de La Foa (que nous avions retrouvée), et puis direction notre bungalow reservé aux Paillottes de Ouenghi (nous avions hésité avec Moindou), à 30 minutes de voiture au Nord de Tontouta (en prévision du vol du lendemain). Jolie allée d'entrée bordée de palmiers, à travers un golf de bonne tenue, mais bungalow quelconque ; en outre, pas de wifi, et surtout pas de cuisine pour faire cuire les steaks achetés plus tôt... Sue-la-brave est alors allée négocier que le restau chic de l'hôtel nous les fasse cuire : OK dit le patron à condition que nous mangions 'dans l'ombre", ce qui fut fait... en ajoutant une assiette de frites et une bière.

Demain, départ pour un autre COM (Communauté d'Outre-Mer, ex TOM) : la Polynésie Française. Mais nous allons y arriver... la veille puisque notre vol Air Calin (jolie trouvaille) va franchir la ligne de changement de date ! Autrement dit, comme Phileas Fogg, nous allons 'gagner 1 jour' !

A demain